Depuis
plusieurs semaines vous êtes nombreux à
me demander un article sur l’assertivité. Qu’est-ce que l’assertivité ?
Comment la pratique-t-on au quotidien ? Ai-je un test d’assertivité à
proposer ?
En cours de recherche documentaire sur ce sujet,
j’ai pris connaissance d’un article écrit par Joël Berger qui évoquait l’ensemble des points que je souhaitais
vous présenter. Cet article est très complet, avec un souci pratique qui
rejoint mes habituelles préoccupations
Je vous
propose donc un article largement inspiré de celui de Joël Berger avec son
autorisation bien sûr. J’ai découpé ce thème en quatre articles dont le dernier
sous forme de test pour vous permettre de mesurer le niveau de votre assertivité.
1 – Définition
de l’assertivité
Sans doute vous souvenez
vous de votre vie d’enfant où il ne
faisait pas bon dire tout ce que vous aviez envie de dire, eu égard à la bonne
éducation et au respect de la sérénité des adultes.
On se retrouve ainsi nombreux -à l'âge adulte - en difficulté pour passer
simplement et agréablement certains messages que nous avons appris à garder
pour nous (reproches, critiques, commentaires sincères ou simplement nos
souhaits). Il existe aussi certaines situations que chacun d’entre nous, à sa
manière, peut juger inconfortables, telles que licencier un collaborateur,
aborder une rupture de couple, ou faire respecter ses droits.
Par peur de déplaire, de donner une mauvaise image de soi, de devoir refuser,
d'entendre un refus, de créer des émotions pénibles, certaines situations
peuvent être ressenties comme inconfortables.
Dans certains cas elles peuvent même nous faire perdre une partie de
nos moyens, c'est à dire nous plonger dans des états émotionnels qui nous
rendent la communication
difficile, voire dans certains cas impossible, créant un blocage ou
nous contraignant à fuir.
communication de fuite |
Cet effet d'accumulation n'est pas conscient, mais il génère des non-dits,
lourdement chargés d'hypocrisie ou de charges émotionnelles variées. L'expérience
vous a probablement déjà confirmé qu'il vaut donc mieux mal communiquer que ne
pas communiquer, évacuer tant bien que mal les non-dits plutôt que de les mettre dans sa poche
avec son mouchoir par-dessus. Idéalement, de les communiquer agréablement.
C’est pour résoudre ce problème qu’est née l’assertivité, mot que l’Académie
française n’a jamais retenu. Il reste donc rangé dans les néologismes du jargon
psy (tiré du mot anglais « assertivness », le verbe « assert » signifiant «
affirmer »).
Ce concept a été initié au siècle dernier à New York par le
psychanalyste Andrew Salter. En
partant des théories de Pavlov (prix Nobel en 1904) selon lesquelles un certain
nombre de réflexes sont préprogrammés, Salter a déduit que certains blocages psychiques
pouvaient avoir comme origine ces réflexes innés, qui ne permettaient pas toujours
de se comporter selon ses désirs conscients.
Le concept a progressivement été introduit en France par un certain nombre
de spécialistes, notamment Dominique Chalvin et Eric Schuler qui ont publié sur
le sujet. Dominique Chalvin le traduit ainsi : « Etre assertif, c’est être en
mesure d’exprimer sa propre personnalité sans susciter l’hostilité de son
environnement, c’est savoir dire « non » sans se sentir coupable, c’est avoir
confiance en soi et savoir prendre les décisions difficiles ou impopulaires. ».
Eric Schuler reprend la citation d’un inconnu la résumant par « ni paillasson,
ni hérisson ».
Plus généralement aujourd’hui, l’assertivité se traduirait comme la capacité
de s’affirmer librement, sans émotion dérangeante, dans la communication et les
comportements, tout en respectant les autres. Une bonne façon de résumer la
qualité de notre style de communication, essentielle autant pour le management
que pour toutes les autres situations de notre existence, personnelles ou
professionnelles.
1.1 Comportements habituels
Nos difficultés à communiquer de
manière assertive proviennent fondamentalement de nos peurs. Les éthologues ont
mis en évidence trois types de comportements naturels, d’origine « reptilienne
» c’est à dire liés à la partie la plus instinctuelle (et la plus ancienne dans
l’évolution des espèces) de notre cerveau face à la peur : la fuite, l’agressivité et l’immobilisation.
En cas de stress en situation de
communication,
-
la fuite
consistera à éviter le sujet, voire même le contact avec les personnes
concernées.
-
l’agressivité se
manifestera par toutes formes d’hostilité verbales ou, pire, physiques.
-
Quant à l’immobilisme,
il correspond davantage à un maintien du contact mais sans maîtrise de soi, ce
qui amènera toutes les formes de complaisance hypocrites ou de manipulation.
Toutes ces formes de communication font perdre beaucoup d’efficacité, de temps
et de bien-être.
1.2
Comportement assertif
Comme tout ce qui touche au
comportement, l’assertivité
est facile à comprendre et plus difficile à mettre en œuvre.
On en perçoit d’ailleurs
instantanément le déficit chez les autres. Mais ce n’en est pas moins difficile
à pratiquer, pour des raisons émotionnelles plus que rationnelles.
Une communication assertive fait
appel à notre sagesse : elle conjugue l’authenticité des propos et le respect
de l’autre. Autrement dit la capacité à être « dur » avec les idées et « doux »
avec les personnes.
Inspirons-nous des remarquables
travaux de Fensterheim et Baer sur la confiance en soi pour proposer un modèle
simple (schéma ci-dessous): en prenant un axe concernant la fermeté envers les
positions prises et un axe pour la dureté des attitudes envers les personnes,
il permet de visualiser notre tendance naturelle à augmenter ou diminuer les
deux simultanément (axe orange).
Nous durcissons notre position
envers les gens lorsque l’on craint de ne pas tenir une position, ou au
contraire nous lâchons nos positions pour être plus agréable et ne pas dégrader
nos relations avec les autres.
- La partie 1 de la matrice ainsi formée correspond
à la tendance « poire » : je lâche sur les idées pour préserver les
personnes. Je me tais, ou je fais preuve de complaisance en trahissant mes
positions pour ne pas déplaire ou ne pas fâcher. Cela maintient une bonne
relation, mais au détriment de soi.
- La partie 2 est la tendance « agressivité » : je
maintiens mes positions sans tenir compte de celles de l’autre. C’est une
utilisation de la force, qui dégrade la qualité relationnelle.
- La partie 3 est celle dans laquelle nous pouvons dériver quand l’agressivité est sans effet : on finit par lâcher sur les idées tout en restant émotionnellement dans l’affrontement. C’est l’attitude du roquet : il aboie, mais ça s’arrête là. Aucune efficacité, et en prime une dégradation de la relation.
- La partie 4 est celle de la relation assertive : elle conjugue la fermeté et l’authenticité du langage avec le respect de l’autre. Elle consiste donc à dissocier le point de vue et l’expression de la qualité relationnelle : je peux communiquer de manière authentique et ferme sur le fond, mais je garde respect, voire admiration ou (au sens large) amour de mon interlocuteur, avec un ton agréable.
Cette attitude assertive est très
efficace et fort agréable pour tous, mais bien malheureusement, ce n’est pas du
tout naturel …
Pour y parvenir, on peut
travailler sur plusieurs axes :
- le respect de soi et
l’assise personnelle,
- la maîtrise des
émotions,
- les techniques de communication.
C’est pour ce dernier point que les techniques d’assertivité ont été
introduites. Une communication assertive implique d’une
part une qualité relationnelle fondée sur le respect, donc l’écoute mutuelle et d’autre part
l’aptitude à exprimer ce que l’on souhaite en s’efforçant de ne pas créer
d’émotions désagréables.
Elle s’inscrit donc dans un
respect des autres par le respect de leur point de vue, même si on ne le
partage pas. Donc entendre, comprendre, et mieux encore savoir montrer que l’on
a compris. Ce qui ne veut pas dire, au demeurant, que l’on est d’accord.
écoute active |
Elle implique également être
capable d’exprimer ce que l’on souhaite, en limitant les désagréments chez son
interlocuteur. C’est le sujet du chapitre méthodologie qui traite cette
question en quatre parties :
- Le renforcement des
intentions
- La structure de la
communication
- Les émotions
elles-mêmes
- Le secours de
l’appui corporel
J’aborderai la méthodologie c'est-à-dire les quatre points à respecter
pour pratiquer une communication assertive dans le prochain article…..
Question de coach de vie :
Comment se situe habituellement
votre communication sur le schéma ci-dessus ? position 1, 2, 3 ou 4 ?
Dans quelles situations restez-vous
en position 1 ?
Dans quelles situations vous arrêtez-vous à la position 2 ?
Dans quelles situations
basculez-vous dans la position 3 ?
Dans quelles situations
réussissez-vous directement à être dans la position 4 ?
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