29.4.12

Devenir assertif : méthodologie (2/4)



Pour paraître dures, les situations de communication n'en sont jamais désespérées.  En effet, lorsque l'on dit d'une situation de communication qu’elle est difficile, c'est en général que l'obstacle à franchir est celui de nos émotions.
émotions authentiques

Comme les émotions, de surcroît, sont contagieuses, les réactions que nous générons chez nos interlocuteurs rendent les choses encore plus difficiles. Les éléments de méthodes que nous vous proposons ont donc pour objectif de vous permettre de garder une expression authentique tout en restant dans un ton détendu et agréable, mais également de ne pas stimuler chez notre interlocuteur de réaction désagréable.


2.1  Renforcer les intentions
Se pénétrer de l’enjeu de la communication. Après tout, pour avancer, il suffit que ce qui nous pousse soit supérieur à ce qui nous freine. Quelles que soient nos craintes, on peut toujours améliorer les choses en renforçant sa détermination.

objectif clair
oAvant d’aller plus loin, commencez déjà par la définition d’un objectif clair auquel doit vous amener cette démarche. Et par une rapide prise de recul, vérifier au passage que c’est une intention authentique et non une action « par devoir » (la vraie détermination ne peut être créée que par soi-même).

Quel est le but poursuivi par cette communication ? Est-ce que se donner du mal en vaut la peine ? C'est la visualisation de la guérison qui pousse un patient à passer sur le billard. Si vous pouvez vous imaginer heureux après avoir assumé cette communication, cela agrandira vos ailes et vous permettra de faire le saut. Si vous êtes bien conscient d’être seul à fixer le poids relatif de vos intentions et de vos peurs, vous admettrez logiquement que plus votre attention se porte sur cette vision positive du résultat, plus vous augmenterez son poids par rapport à celui de tout ce qui peut vous arrêter.

Repensez aux souvenirs pénibles que vous devez aux gens dont on ne sait pas ce qu’ils veulent, ou ce qu’ils veulent dire. Vous ne souhaitez pas faire partie de leur club ? Alors décidez que vous avez le droit fondamental de vous exprimer. Plus vous le pratiquerez et plus vous constaterez que faire part clairement de ses intentions est le meilleur moyen de faire évoluer une situation qui piétine.
2.2  Structure de la communication
L’intention est reine, mais la méthode vous donne des points d’appui. Voici quatre points auxquels vous accrocher :
  • Parler de faits et seulement de faits
Un fait signifie ici un événement objectivement établi, voire vérifiable. Il est dégagé du point de vue de l'observateur. Il peut en général répondre à la très classique grille dite de Quintilien : QQOQCC (Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ?). [N’utilisez pas « Pourquoi ? » : cela n’a rien à voir avec les faits, bien au contraire].
Evoquer des faits dépouillés de toute inférence subjective a plusieurs avantages :
§   Il est facile de se mettre d'accord sur un fait, et tout accord est un début favorable à une bonne communication.
§   Il n'y a pas de jugement dans un fait. Il est issu d'une simple observation.
§   Il ne peut donc pas être reçu comme un reproche, sauf à l'y projeter soi-même.
§   Il n'y a donc rien de vexant en soi à le présenter.

Comment s'écarte-t-on couramment des faits lorsque l’on est en situation difficile ?
§   Par des généralisations : "C'est toujours pareil", "on ne me prévient jamais" … Lorsque nous nous plaignons, il nous arrive de renforcer le message par des adverbes sensés grossir la faute. Une manière compulsive de vouloir faire coller le monde à la réalité qui nous arrange. Erreur : la généralité n'est pas crédible, elle a donc peu d'impact. Et fatalement elle ne peut engendrer un accord. Elle contribue donc à renforcer la tension ou le conflit.
§    Par des opinions. Un point de vue subjectif rajouté à un fait démontre un parti pris. Dans la difficulté,  ce parti pris risque de montrer de l'adversité, ou un reproche larvé,  et va créer un réflexe défensif. Cela peut déclencher une discussion qui va compliquer les choses.
§   Par des accusations. Sur l'énoncé d'un fait, l'accusation peut n'être que dans la forme. "Tu n'as pas fermé la porte" peut être un fait, mais l'intéressé peut ressentir une accusation, surtout si c'est dit avec agacement. L’affirmation "la porte n'est pas fermée" sera moins vécue comme telle. Il est donc plus sûr d’éviter, autant que faire ce peut, le "tu" ou le "vous" dans l'exposé d'un fait.
Vous vous êtes reconnus dans une ou plusieurs de ces situations. C’est normal et bonne  nouvelle : c’est un bon début !!

  • Définir avec précision la partie de la communication jugée difficile :
On improvise très mal dans les moments émotionnellement délicats. Si l'on prend ce risque, l’improvisation va nous faire spontanément dériver du message difficile. On va se prendre les pieds dans le tapis en essayant d’amoindrir le choc. Le message ne sera probablement pas énoncé dans toute sa clarté et  il y a même à parier que la partie la plus délicate du message sera suffisamment déformée, ou tellement édulcorée qu'elle ne sera pas reçue en conformité avec l’intention initiale.
Pour éviter de se dérober au moment délicat, mieux vaut « ne pas sauter les yeux fermés », c’est à dire écrire la partie difficile du message, et s'obliger à la dire telle qu'elle aura été écrite.
  • Etayer, expliquer et donner du sens à ses positions
Il ne s'agit pas d'argumenter. Le but n'est pas ici de convaincre, mais de garder une intention stable. Il est prudent de s’appuyer sur des assertions stabilisées, c'est à dire qui reposent sur une logique et non sur des idées toutes faites.
Avoir en tête l’intérêt que cette communication a pour vous.  Savoir ce que  votre interlocuteur peut    y gagner et établir en quoi l'intérêt collectif est servi, seront pour vous des facteurs qui vous permettront de mieux passer les obstacles psychologiques.
  •  Accoucher par la tête
Méfiez-vous d’une introduction à caractère gentillet au prétexte de mettre de l’ambiance. Elle risque fort d’avoir un caractère de bonne humeur qui sonne faux, de rire « jaune ». Il vaut mieux se jeter à l’eau tout de suite.
Mieux vaut se débarrasser d'entrée de ce qui a le plus de mal à passer dans votre bouche. Plus vous ressentez le message comme difficile, plus vite il faut s’en débarrasser, en le délivrant tel que prévu. Au moins vous êtes sûr que ce sera fait, et vous vivrez plus détendu le reste de l'entretien.
2.3  Les émotions
Pour ces situations difficiles, voici quatre bons procédés, les deux premiers étant largement, et de longue date, recommandés par les spécialistes :
·      Communiquer ses ressentis
émotions authentiques
Quand nous éprouvons des émotions, elles sont là, et bien là. Rien ne sert de vouloir les masquer ou les nier. Comment ne pas en être victime ? Déjà en les considérant comme un fait biologique, et non comme une tare. Les émotions font partie de nos mécanismes naturels. Nous avons droit à nos émotions, et n'avons pas à en rougir.
Lorsqu’elles nous gênent, dans les situations « difficiles », la manière la plus simple pour ne pas en souffrir ou faire souffrir son interlocuteur est d’en parler. Dès qu'une émotion désagréable s'annonce, acceptons de l'identifier, et autorisons-nous à en faire part, en la présentant comme un fait.

Nous pouvons avoir pendant un entretien difficile des émotions telles que la tristesse, la peur et même la colère. Nous les voyons en général arriver de loin et, conscient de ce que le malaise de la situation va créer, nous pouvons anticiper, en communiquant sur le sujet. Vous en parlez comme un fait [exemple : « ce que j’entends me met en colère » ] et non comme un reproche [ exemple : « tu me mets en colère » ].
  • Différencier les positions prises et les personnes concernées
  • « Souple dans la forme, ferme sur les idées » (Vauvenargues) Séparez ce qui est de l’ordre des idées et ce qui est de l’ordre de la relation. Se rappeler qu'il n'est pas nécessaire d'être dur ou agressif avec les personnes pour rester ferme sur les idées. Avoir une communication difficile à accomplir n'empêche pas d'aimer les gens. Cette conviction seule qui peut vous permettre de garder une bonne qualité relationnelle malgré le caractère difficile de votre position.
Pensez à la grille présentée précédemment :



            Séparez donc bien les genres : on peut s’adresser aux personnes avec beaucoup de
            respect et  d’affinité, et s’autoriser à donner et maintenir son point de vue avec une force
           tranquille.
  • Utiliser des émotions qui dédramatisent
Vous pouvez aller plus loin : au lieu de vous battre avec des émotions qui vous tirent vers le bas, vous pouvez cultiver des dispositions d’esprit agréables : joie, enthousiasme, sympathie … La gravité, n’arrange en rien ce genre de situation. Le propos peut être sérieux, mais le ton peut rester enjoué et dynamique. Entraînez-vous à garder une position détendue, agréable et souriante, simple, sincère et énergique.
  • Aborder ces situations comme un jeu

Toute difficulté peut être approchée comme une bonne occasion d'amélioration personnelle. L'esprit étant joueur, cette adversité peut être rendue presque amusante, si l'on veut bien se donner un objectif réaliste et un plancher comme minimum exigé, à titre de règle personnelle. En progressant doucement, on y arrive toujours.
jeu logique

Par exemple, si vous ne réussissez pas à faire une critique en direct à quelqu'un, fût-elle constructive, vous pouvez aborder la prochaine occasion avec l'objectif de passer un message préparé sur le sujet, en vous donnant comme plancher (minimum acceptable) d'au moins aborder le sujet.

2.4  Aidez-vous des attitudes corporelles

yoga
Bien que la communication soit un sport peu physique, le plan corporel peut être d'un grand secours pour asseoir sa stabilité émotionnelle dans les moments difficiles. Notre organisme associe en effet des émotions et des mouvements. Par exemple, la gaieté se traduit par la remontée des zygomatiques. Vous pouvez l’utiliser en sens inverse : rire physiquement aura tendance à vous rendre plus gai, avec un petit délai. C’est le principe simple du « yoga du rire ».

Si vous avez des difficultés très fortes dans certaines situations, déterminez une posture de référence que vous adopterez dans ces cas-là. Par exemple, assis droit sur une chaise, les avant-bras sur un bureau. Si nécessaire, trouvez-en une en position debout, dans laquelle vous vous sentez bien. Entraînez-vous, dans cette ou ces postures, à être détendu et à respirer profondément de l'abdomen. Associez-les à des idées et des émotions agréables. La répétition suffit à créer ces associations neurologiques. Ces méthodes , (que l’on peut assimiler au principe de l’ancrage en PNL), typiquement anglo-saxonne, n’a peut-être rien d’intellectuellement séduisant, mais c’est sans risque et ça a aidé beaucoup de gens. Ce serait dommage de ne pas l’expérimenter si vous avez des blocages.

Voilà pour les grandes lignes de la méthodologie qui vous permettra de communiquer avec assertivité dans l’aisance et le plaisir pur d’échanges riches, calmes et souriants.

Dans le prochain article je vous présenterai des applications concrètes. En attendant, entraînez-vous.
En situation difficile « ce n’est pas parce que c’est difficile que l’on n’ose pas, mais c’est parce que l’on n’ose pas que c’est difficile »

Question de coach de vie :
Quels critères de la communication assertive retenez-vous ? Pensez-vous les mettre en application  ?
Quelles difficultés risquez-vous de rencontrer ?
Comment y ferez-vous face ?
Faites-nous part de vos remarques, de votre expérience dans la mise en œuvre d’une communication assertive ? Quels sont les résultats obtenus ? Qu’est-ce-qui vous a surpris ?

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