1.5.12

Assertivité : exercices (3/4)



       Dans les deux articles précédents, nous avons abordé la définition de l'assertivité puis la méthodologie de la communication assertive.
       Pour faciliter la mise en oeuvre, vous trouverez ci-après une synthèse, des exemples et des exercices qui vous permettront, avec de la persévérence, de la patience, à modifier radicalement votre mode de communication. Faites l'effort, vous transformerez (et je mesure mes mots) votre vie et celle de votre entourage.

3.1  Synthèse de la méthode

Dans tous vos entretiens difficiles, ne sortez pas des quatre balises suivantes :

FAITS
RESSENTIS

  • Présenter des faits précis
  • Eviter les opinions et les généralités
  • Ne jamais donner de jugement sur la personne
  • Eviter les reproches et les accusations.


  • Faire part si nécessaire de vos ressentis (enlève les émotions)
INTENTIONS
POSITION ASSERTIVE
  • Préparer par écrit les éléments difficiles à communiquer
  • Faire des demandes ou des propositions claires et concises
  • Donner du sens (conséquences positives pour chacun)
  • Faire immédiatement une demande de feed-back.

  • Laisser s’exprimer les réactions
  • Ecouter le point de vue de l’autre avec bienveillance
  • Garder avec aisance une posture et un regard droits
  • Répéter vos demandes avec calme et fermeté.



3.2 Application : recadrer un collaborateur

Prenons comme exemple le recadrage d’un collaborateur, dont vous craignez les réactions :

Eviter
Utiliser plutôt

Généralité
  • Tu es toujours en retard en réunion


Reproche, accusation
  • Tu es vraiment pénible
Plainte
  • On en a tous marre, ça perturbe tout le monde et ça nous fait perdre un temps fou.
Verrouillage
  • Je n’ai rien à faire de tes justifications

Fait
  • C’est la troisième fois ce mois que tu as plus de 10 mn de retard à notre réunion hebdomadaire (fait établi, donc non discutable)
Ressenti
  • J’en ressens un fort agacement (évacue l’émotion désagréable)
Sens
  • parce que nous avons tous perdu 30 minutes
Souhait
  • Je souhaite que tu t’organises pour être à 9h00 précises à la réunion de lundi prochain (demande claire)
Conséquences
  • Nous pourrons ainsi être tous à l’heure à nos rendez-vous suivants et de bonne humeur.(motivation)
Ecoute des réactions
  • Je comprends ton point de vue, mais je souhaite que tu t’organises pour être là à 9h00 précises dans l’avenir.(Respect de la personne et fermeté de la demande)



3.2  Petits exercices pour  ceux qui auraient encore quelques soucis avec l’assertivité :

Attention,  un exercice n’est pas un exemple de bonne communication. C’est un entraînement à pratiquer pour votre amélioration si la situation vous dérange et que le contexte le permet.
       A faire en gardant un ton agréable, détendu et enjoué et en regardant votre interlocuteur
        avec   une sincère gentillesse. Efforcez-vous de ne pas vous souciez de l’image que vous
        donnez de vous.

Exercice 1 :

Dire « non » sans vous justifier, sans commentaire, sans répondre à la question
« pourquoi ? ». Dites « non » tout simplement.

    Exemple : « Peux-tu me prêter ta voiture ? - non, je n'y tiens pas.  mais pourquoi ?
   je ferai     attention. - non, je n'y tiens pas»


Exercice 2 :

Devant un refus, répétez votre demande initiale, en restant agréable
                     « J’aimerais que vous me prépariez ce dossier - je ne peux pas maintenant
                     Je comprends, mais j’aimerais que vous me prépariez ce dossier »

       Exercice 3 :

Posez des questions à des inconnus. Engagez-vous à le faire 5/6 fois par semaine.

Exercice 4 :

Autorisez-vous à dire clairement ce que vous voulez, en incluant un
« je veux » ou « je souhaite » ou équivalent.
Fixez-vous un challenge : par exemple le faire au moins une fois par jour



Exercice 5 :

Apprenez à dire ce que vous ressentez comme un fait constaté (je suis
                     fâché, je suis agacé, je me sens triste, j’ai une pêche d’enfer …)



Question de coach de vie :
Si vous souhaitez vraiment changer votre communication mettez en pratique cette méthode au quotidien et surtout, faites-nous part de vos succès, de vos difficultés.
Vous donnerez du courage à tous et je répondrai à toutes vos interrogations pour faciliter votre progression.
Alors que ressentez-vous lorsque vous pratiquez la communication assertive ?
Quel est la réaction de vos interlocuteurs ?
Notez-vous des changements ? Lesquels ?

29.4.12

Devenir assertif : méthodologie (2/4)



Pour paraître dures, les situations de communication n'en sont jamais désespérées.  En effet, lorsque l'on dit d'une situation de communication qu’elle est difficile, c'est en général que l'obstacle à franchir est celui de nos émotions.
émotions authentiques

Comme les émotions, de surcroît, sont contagieuses, les réactions que nous générons chez nos interlocuteurs rendent les choses encore plus difficiles. Les éléments de méthodes que nous vous proposons ont donc pour objectif de vous permettre de garder une expression authentique tout en restant dans un ton détendu et agréable, mais également de ne pas stimuler chez notre interlocuteur de réaction désagréable.


2.1  Renforcer les intentions
Se pénétrer de l’enjeu de la communication. Après tout, pour avancer, il suffit que ce qui nous pousse soit supérieur à ce qui nous freine. Quelles que soient nos craintes, on peut toujours améliorer les choses en renforçant sa détermination.

objectif clair
oAvant d’aller plus loin, commencez déjà par la définition d’un objectif clair auquel doit vous amener cette démarche. Et par une rapide prise de recul, vérifier au passage que c’est une intention authentique et non une action « par devoir » (la vraie détermination ne peut être créée que par soi-même).

Quel est le but poursuivi par cette communication ? Est-ce que se donner du mal en vaut la peine ? C'est la visualisation de la guérison qui pousse un patient à passer sur le billard. Si vous pouvez vous imaginer heureux après avoir assumé cette communication, cela agrandira vos ailes et vous permettra de faire le saut. Si vous êtes bien conscient d’être seul à fixer le poids relatif de vos intentions et de vos peurs, vous admettrez logiquement que plus votre attention se porte sur cette vision positive du résultat, plus vous augmenterez son poids par rapport à celui de tout ce qui peut vous arrêter.

Repensez aux souvenirs pénibles que vous devez aux gens dont on ne sait pas ce qu’ils veulent, ou ce qu’ils veulent dire. Vous ne souhaitez pas faire partie de leur club ? Alors décidez que vous avez le droit fondamental de vous exprimer. Plus vous le pratiquerez et plus vous constaterez que faire part clairement de ses intentions est le meilleur moyen de faire évoluer une situation qui piétine.
2.2  Structure de la communication
L’intention est reine, mais la méthode vous donne des points d’appui. Voici quatre points auxquels vous accrocher :
  • Parler de faits et seulement de faits
Un fait signifie ici un événement objectivement établi, voire vérifiable. Il est dégagé du point de vue de l'observateur. Il peut en général répondre à la très classique grille dite de Quintilien : QQOQCC (Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ?). [N’utilisez pas « Pourquoi ? » : cela n’a rien à voir avec les faits, bien au contraire].
Evoquer des faits dépouillés de toute inférence subjective a plusieurs avantages :
§   Il est facile de se mettre d'accord sur un fait, et tout accord est un début favorable à une bonne communication.
§   Il n'y a pas de jugement dans un fait. Il est issu d'une simple observation.
§   Il ne peut donc pas être reçu comme un reproche, sauf à l'y projeter soi-même.
§   Il n'y a donc rien de vexant en soi à le présenter.

Comment s'écarte-t-on couramment des faits lorsque l’on est en situation difficile ?
§   Par des généralisations : "C'est toujours pareil", "on ne me prévient jamais" … Lorsque nous nous plaignons, il nous arrive de renforcer le message par des adverbes sensés grossir la faute. Une manière compulsive de vouloir faire coller le monde à la réalité qui nous arrange. Erreur : la généralité n'est pas crédible, elle a donc peu d'impact. Et fatalement elle ne peut engendrer un accord. Elle contribue donc à renforcer la tension ou le conflit.
§    Par des opinions. Un point de vue subjectif rajouté à un fait démontre un parti pris. Dans la difficulté,  ce parti pris risque de montrer de l'adversité, ou un reproche larvé,  et va créer un réflexe défensif. Cela peut déclencher une discussion qui va compliquer les choses.
§   Par des accusations. Sur l'énoncé d'un fait, l'accusation peut n'être que dans la forme. "Tu n'as pas fermé la porte" peut être un fait, mais l'intéressé peut ressentir une accusation, surtout si c'est dit avec agacement. L’affirmation "la porte n'est pas fermée" sera moins vécue comme telle. Il est donc plus sûr d’éviter, autant que faire ce peut, le "tu" ou le "vous" dans l'exposé d'un fait.
Vous vous êtes reconnus dans une ou plusieurs de ces situations. C’est normal et bonne  nouvelle : c’est un bon début !!

  • Définir avec précision la partie de la communication jugée difficile :
On improvise très mal dans les moments émotionnellement délicats. Si l'on prend ce risque, l’improvisation va nous faire spontanément dériver du message difficile. On va se prendre les pieds dans le tapis en essayant d’amoindrir le choc. Le message ne sera probablement pas énoncé dans toute sa clarté et  il y a même à parier que la partie la plus délicate du message sera suffisamment déformée, ou tellement édulcorée qu'elle ne sera pas reçue en conformité avec l’intention initiale.
Pour éviter de se dérober au moment délicat, mieux vaut « ne pas sauter les yeux fermés », c’est à dire écrire la partie difficile du message, et s'obliger à la dire telle qu'elle aura été écrite.
  • Etayer, expliquer et donner du sens à ses positions
Il ne s'agit pas d'argumenter. Le but n'est pas ici de convaincre, mais de garder une intention stable. Il est prudent de s’appuyer sur des assertions stabilisées, c'est à dire qui reposent sur une logique et non sur des idées toutes faites.
Avoir en tête l’intérêt que cette communication a pour vous.  Savoir ce que  votre interlocuteur peut    y gagner et établir en quoi l'intérêt collectif est servi, seront pour vous des facteurs qui vous permettront de mieux passer les obstacles psychologiques.
  •  Accoucher par la tête
Méfiez-vous d’une introduction à caractère gentillet au prétexte de mettre de l’ambiance. Elle risque fort d’avoir un caractère de bonne humeur qui sonne faux, de rire « jaune ». Il vaut mieux se jeter à l’eau tout de suite.
Mieux vaut se débarrasser d'entrée de ce qui a le plus de mal à passer dans votre bouche. Plus vous ressentez le message comme difficile, plus vite il faut s’en débarrasser, en le délivrant tel que prévu. Au moins vous êtes sûr que ce sera fait, et vous vivrez plus détendu le reste de l'entretien.
2.3  Les émotions
Pour ces situations difficiles, voici quatre bons procédés, les deux premiers étant largement, et de longue date, recommandés par les spécialistes :
·      Communiquer ses ressentis
émotions authentiques
Quand nous éprouvons des émotions, elles sont là, et bien là. Rien ne sert de vouloir les masquer ou les nier. Comment ne pas en être victime ? Déjà en les considérant comme un fait biologique, et non comme une tare. Les émotions font partie de nos mécanismes naturels. Nous avons droit à nos émotions, et n'avons pas à en rougir.
Lorsqu’elles nous gênent, dans les situations « difficiles », la manière la plus simple pour ne pas en souffrir ou faire souffrir son interlocuteur est d’en parler. Dès qu'une émotion désagréable s'annonce, acceptons de l'identifier, et autorisons-nous à en faire part, en la présentant comme un fait.

Nous pouvons avoir pendant un entretien difficile des émotions telles que la tristesse, la peur et même la colère. Nous les voyons en général arriver de loin et, conscient de ce que le malaise de la situation va créer, nous pouvons anticiper, en communiquant sur le sujet. Vous en parlez comme un fait [exemple : « ce que j’entends me met en colère » ] et non comme un reproche [ exemple : « tu me mets en colère » ].
  • Différencier les positions prises et les personnes concernées
  • « Souple dans la forme, ferme sur les idées » (Vauvenargues) Séparez ce qui est de l’ordre des idées et ce qui est de l’ordre de la relation. Se rappeler qu'il n'est pas nécessaire d'être dur ou agressif avec les personnes pour rester ferme sur les idées. Avoir une communication difficile à accomplir n'empêche pas d'aimer les gens. Cette conviction seule qui peut vous permettre de garder une bonne qualité relationnelle malgré le caractère difficile de votre position.
Pensez à la grille présentée précédemment :



            Séparez donc bien les genres : on peut s’adresser aux personnes avec beaucoup de
            respect et  d’affinité, et s’autoriser à donner et maintenir son point de vue avec une force
           tranquille.
  • Utiliser des émotions qui dédramatisent
Vous pouvez aller plus loin : au lieu de vous battre avec des émotions qui vous tirent vers le bas, vous pouvez cultiver des dispositions d’esprit agréables : joie, enthousiasme, sympathie … La gravité, n’arrange en rien ce genre de situation. Le propos peut être sérieux, mais le ton peut rester enjoué et dynamique. Entraînez-vous à garder une position détendue, agréable et souriante, simple, sincère et énergique.
  • Aborder ces situations comme un jeu

Toute difficulté peut être approchée comme une bonne occasion d'amélioration personnelle. L'esprit étant joueur, cette adversité peut être rendue presque amusante, si l'on veut bien se donner un objectif réaliste et un plancher comme minimum exigé, à titre de règle personnelle. En progressant doucement, on y arrive toujours.
jeu logique

Par exemple, si vous ne réussissez pas à faire une critique en direct à quelqu'un, fût-elle constructive, vous pouvez aborder la prochaine occasion avec l'objectif de passer un message préparé sur le sujet, en vous donnant comme plancher (minimum acceptable) d'au moins aborder le sujet.

2.4  Aidez-vous des attitudes corporelles

yoga
Bien que la communication soit un sport peu physique, le plan corporel peut être d'un grand secours pour asseoir sa stabilité émotionnelle dans les moments difficiles. Notre organisme associe en effet des émotions et des mouvements. Par exemple, la gaieté se traduit par la remontée des zygomatiques. Vous pouvez l’utiliser en sens inverse : rire physiquement aura tendance à vous rendre plus gai, avec un petit délai. C’est le principe simple du « yoga du rire ».

Si vous avez des difficultés très fortes dans certaines situations, déterminez une posture de référence que vous adopterez dans ces cas-là. Par exemple, assis droit sur une chaise, les avant-bras sur un bureau. Si nécessaire, trouvez-en une en position debout, dans laquelle vous vous sentez bien. Entraînez-vous, dans cette ou ces postures, à être détendu et à respirer profondément de l'abdomen. Associez-les à des idées et des émotions agréables. La répétition suffit à créer ces associations neurologiques. Ces méthodes , (que l’on peut assimiler au principe de l’ancrage en PNL), typiquement anglo-saxonne, n’a peut-être rien d’intellectuellement séduisant, mais c’est sans risque et ça a aidé beaucoup de gens. Ce serait dommage de ne pas l’expérimenter si vous avez des blocages.

Voilà pour les grandes lignes de la méthodologie qui vous permettra de communiquer avec assertivité dans l’aisance et le plaisir pur d’échanges riches, calmes et souriants.

Dans le prochain article je vous présenterai des applications concrètes. En attendant, entraînez-vous.
En situation difficile « ce n’est pas parce que c’est difficile que l’on n’ose pas, mais c’est parce que l’on n’ose pas que c’est difficile »

Question de coach de vie :
Quels critères de la communication assertive retenez-vous ? Pensez-vous les mettre en application  ?
Quelles difficultés risquez-vous de rencontrer ?
Comment y ferez-vous face ?
Faites-nous part de vos remarques, de votre expérience dans la mise en œuvre d’une communication assertive ? Quels sont les résultats obtenus ? Qu’est-ce-qui vous a surpris ?

26.4.12

La communication non violente ou assertive (1/4)


Depuis plusieurs semaines  vous êtes nombreux à me demander un article sur l’assertivité. Qu’est-ce que l’assertivité ? Comment la pratique-t-on au quotidien ? Ai-je un test d’assertivité à proposer ?
En  cours de recherche documentaire sur ce sujet, j’ai pris connaissance d’un article écrit par Joël Berger qui évoquait l’ensemble des points que je souhaitais vous présenter. Cet article est très complet, avec un souci pratique qui rejoint mes habituelles préoccupations
Je vous propose donc un article largement inspiré de celui de Joël Berger avec son autorisation bien sûr. J’ai découpé ce thème en quatre articles dont le dernier sous forme de test pour vous permettre de mesurer le niveau de  votre assertivité.

1 – Définition de l’assertivité

Sans doute vous souvenez vous  de votre vie d’enfant où il ne faisait pas bon dire tout ce que vous aviez envie de dire, eu égard à la bonne éducation et au respect de la sérénité des adultes.

On se retrouve ainsi nombreux  -à l'âge adulte - en difficulté pour passer simplement et agréablement certains messages que nous avons appris à garder pour nous (reproches, critiques, commentaires sincères ou simplement nos souhaits). Il existe aussi certaines situations que chacun d’entre nous, à sa manière, peut juger inconfortables, telles que licencier un collaborateur, aborder une rupture de couple, ou faire respecter ses droits.
Par peur de déplaire, de donner une mauvaise image de soi, de devoir refuser, d'entendre un refus, de créer des émotions pénibles, certaines situations peuvent être ressenties comme inconfortables.
Dans certains cas elles peuvent même nous faire perdre une partie de nos moyens, c'est à dire nous plonger dans des états émotionnels qui nous rendent la communication difficile, voire dans certains cas impossible, créant un blocage ou nous contraignant à fuir.
communication de fuite
Chercher à éviter ces situations, sous mille prétextes, que nous sommes très habiles à trouver, est bien tentant. Mais, avec le temps, on sait que les méfaits de ces fuites s’accumulent et créent le sentiment pesant de traîner des algues sur sa quille.
Cet effet d'accumulation n'est pas conscient, mais il génère des non-dits, lourdement chargés d'hypocrisie ou de charges émotionnelles variées. L'expérience vous a probablement déjà confirmé qu'il vaut donc mieux mal communiquer que ne pas communiquer, évacuer tant bien que mal les non-dits plutôt que de les mettre dans sa poche avec son mouchoir par-dessus. Idéalement, de les communiquer agréablement.
C’est pour résoudre ce problème qu’est née l’assertivité, mot que l’Académie française n’a jamais retenu. Il reste donc rangé dans les néologismes du jargon psy (tiré du mot anglais « assertivness », le verbe « assert » signifiant « affirmer »).
Ce concept a été initié au siècle dernier à New York par le psychanalyste Andrew Salter. En partant des théories de Pavlov (prix Nobel en 1904) selon lesquelles un certain nombre de réflexes sont préprogrammés, Salter a déduit que certains blocages psychiques pouvaient avoir comme origine ces réflexes innés, qui ne permettaient pas toujours de se comporter selon ses désirs conscients.
Le concept a progressivement été introduit en France par un certain nombre de spécialistes, notamment Dominique Chalvin et Eric Schuler qui ont publié sur le sujet. Dominique Chalvin le traduit ainsi : « Etre assertif, c’est être en mesure d’exprimer sa propre personnalité sans susciter l’hostilité de son environnement, c’est savoir dire « non » sans se sentir coupable, c’est avoir confiance en soi et savoir prendre les décisions difficiles ou impopulaires. ». Eric Schuler reprend la citation d’un inconnu la résumant par « ni paillasson, ni hérisson ».
Plus généralement aujourd’hui, l’assertivité se traduirait comme la capacité de s’affirmer librement, sans émotion dérangeante, dans la communication et les comportements, tout en respectant les autres. Une bonne façon de résumer la qualité de notre style de communication, essentielle autant pour le management que pour toutes les autres situations de notre existence, personnelles ou professionnelles.

1.1  Comportements habituels

Nos difficultés à communiquer de manière assertive proviennent fondamentalement de nos peurs. Les éthologues ont mis en évidence trois types de comportements naturels, d’origine « reptilienne » c’est à dire liés à la partie la plus instinctuelle (et la plus ancienne dans l’évolution des espèces) de notre cerveau face à la peur : la fuite, l’agressivité et l’immobilisation.
      En cas de stress en situation de communication,
-          la fuite consistera à éviter le sujet, voire même le contact avec les personnes concernées.
-          l’agressivité se manifestera par toutes formes d’hostilité verbales ou, pire, physiques.
-          Quant à l’immobilisme, il correspond davantage à un maintien du contact mais sans maîtrise de soi, ce qui amènera toutes les formes de complaisance hypocrites ou de manipulation. Toutes ces formes de communication font perdre beaucoup d’efficacité, de temps et de bien-être.

1.2 Comportement assertif
            Comme tout ce qui touche au comportement, l’assertivité est facile à comprendre et 
             plus difficile à mettre en œuvre.

On en perçoit d’ailleurs instantanément le déficit chez les autres. Mais ce n’en est pas moins difficile à pratiquer, pour des raisons émotionnelles plus que rationnelles.
Une communication assertive fait appel à notre sagesse : elle conjugue l’authenticité des propos et le respect de l’autre. Autrement dit la capacité à être « dur » avec les idées et « doux » avec les personnes.

Inspirons-nous des remarquables travaux de Fensterheim et Baer sur la confiance en soi pour proposer un modèle simple (schéma ci-dessous): en prenant un axe concernant la fermeté envers les positions prises et un axe pour la dureté des attitudes envers les personnes, il permet de visualiser notre tendance naturelle à augmenter ou diminuer les deux simultanément (axe orange).

Nous durcissons notre position envers les gens lorsque l’on craint de ne pas tenir une position, ou au contraire nous lâchons nos positions pour être plus agréable et ne pas dégrader nos relations avec les autres.

                                   
  • La partie 1 de la matrice ainsi formée correspond à la tendance « poire » : je lâche sur les idées pour préserver les personnes. Je me tais, ou je fais preuve de complaisance en trahissant mes positions pour ne pas déplaire ou ne pas fâcher. Cela maintient une bonne relation, mais au détriment de soi.
  • La partie 2 est la tendance « agressivité » : je maintiens mes positions sans tenir compte de celles de l’autre. C’est une utilisation de la force, qui dégrade la qualité relationnelle.
  • La partie 3 est celle dans laquelle nous pouvons dériver quand l’agressivité est sans effet : on finit par lâcher sur les idées tout en restant émotionnellement dans l’affrontement. C’est l’attitude du roquet : il aboie, mais ça s’arrête là. Aucune efficacité, et en prime une dégradation de la relation.
  • La partie 4 est celle de la relation assertive : elle conjugue la fermeté et l’authenticité du langage avec le respect de l’autre. Elle consiste donc à dissocier le point de vue et l’expression de la qualité relationnelle : je peux communiquer de manière authentique et ferme sur le fond, mais je garde respect, voire admiration ou (au sens large) amour de mon interlocuteur, avec un ton agréable.
Cette attitude assertive est très efficace et fort agréable pour tous, mais bien malheureusement, ce n’est pas du tout naturel …
Pour y parvenir, on peut travailler sur plusieurs axes :

  • le respect de soi et l’assise personnelle,
  • la maîtrise des émotions,
  • les techniques de communication. C’est pour ce dernier point que les techniques d’assertivité ont été introduites. Une communication assertive implique d’une part une qualité relationnelle fondée sur le respect,  donc l’écoute mutuelle et d’autre part l’aptitude à exprimer ce que l’on souhaite en s’efforçant de ne pas créer d’émotions désagréables.


écoute active
Elle s’inscrit donc dans un respect des autres par le respect de leur point de vue, même si on ne le partage pas. Donc entendre, comprendre, et mieux encore savoir montrer que l’on a compris. Ce qui ne veut pas dire, au demeurant, que l’on est d’accord.

Elle implique également être capable d’exprimer ce que l’on souhaite, en limitant les désagréments chez son interlocuteur. C’est le sujet du chapitre méthodologie qui traite cette question en quatre parties :

  • Le renforcement des intentions
  • La structure de la communication
  • Les émotions elles-mêmes
  • Le secours de l’appui corporel

J’aborderai la méthodologie c'est-à-dire les quatre points à respecter pour pratiquer une communication assertive dans le prochain article…..

Question de coach de vie :
Comment se situe habituellement votre communication sur le schéma ci-dessus ? position 1, 2, 3 ou 4 ?
Dans quelles situations restez-vous en position 1 ?
Dans quelles situations  vous arrêtez-vous  à la position 2 ?
Dans quelles situations basculez-vous dans la position 3 ?
Dans quelles situations réussissez-vous directement à être dans la position 4 ?


14.3.12

Signe de reconnaissance ou « Stroke »


L’amour remplit la tête de chacun : soit nous le vivons au quotidien, soit nous n’en avons pas assez, soit pas du tout. De toute façon, il conduit notre vie et nous le recevons, entre autre, à travers les signes de reconnaissance.  
Eric Berne, le créateur de l’Analyse Transactionnelle, a mis en évidence l’unité de reconnaissance humaine, véritable atome d’amour : le « stroke » (frapper, caresser, toucher)
Nous avons tous un besoin vital de ces signes au même titre que l’air et le sommeil. Si nous en manquons, nous pouvons mourir.  Ils peuvent être verbaux, non-verbaux (ton de voix) ils peuvent être positifs (félicitations, compliments, sourires, caresses) ou négatifs (critiques, insultes, coups).
Et parce que c’est vital pour chacun de nous, une personne qui ne reçoit pas de signes de reconnaissances positifs, en provoquera des négatifs. C’est vrai pour les enfants et les adolescents qui préfèrent se faire gronder ou punir sévèrement, plutôt qu’être ignorés. C’est vrai aussi pour les adultes qui provoqueront des disputes, à l’extérieur et aussi dans leur couple.
On considère quatre catégories de signe de reconnaissance ou « stroke » :

Inconditionnel positif

-      Inconditionnel positif (être) : tu es magnifique… superbe… intelligent… efficace. A exprimer à la seule condition qu’il soit sincère.
-      Conditionnel positif (faire) : ton dossier était très réussi, cette robe te va très bien. La même sincérité est indispensable.
-      Inconditionnel négatif (être) : t’es stupide, tu ne penses qu’à toi.
-      Conditionnels négatifs (faire) : quand tu dis ça, tu es stupide. Ce n’est pas toi qui est stupide c’est ce que tu dis à ce moment-là. Apprenez à recevoir ces stokes car ils vous permettent d’avancer.


Stroke conditionnel
Il est bien sûr assorti d’une condition et est lié à un comportement, une action. Si nous changeons nos comportements, il peut nous être retiré.  Ces « strokes » positifs motivent et permettent aux personnes qui les reçoivent d’adapter leurs comportements à vos attentes.
Vous pouvez ainsi signifier les comportements que vous acceptez et vos limites ; en revanche, ils ont l’inconvénient de rendre la personne qui les reçoit dépendante.
Stroke inconditionnel
Les « strokes » inconditionnels sont liés à la personne dans son identité, sa valeur. Ils sont donnés sans condition. Les inconditionnels positifs sont source de joie, de motivation et de confiance en soi ; les inconditionnels négatifs sont dévastateurs pour celui qui les reçoit et le rendront destructeur pour lui comme pour les autres.
« Du jour où j’ai compris quels étaient les gens que j’exaspérais, j’avoue que j’ai tout fait pour les exaspérer. Ce qu’on m’accusait d’être, assez injustement, égoïste et cynique, ou prudent et moqueur, puissé-je le devenir afin que mes ennemis, voyant la différence, en restent confondus « 
a
Cette réflexion de Sacha Guitry illustre bien le mécanisme par lequel on entre dans les comportements destructeurs et autodestructeurs pour se conformer à la vision qu’on nous renvoie de nous-mêmes, même si on la sait injuste.
Cinq règles à appliquer pour changer sa vie et celle des autres avec les signes de reconnaissance :
Lire la suite........http://www.lemeilleurdevous.fr/2012/03/14/signe-de-reconnaissance-ou-stroke/#permalink

20.2.12

Le roi, le héros, la fée et le coach

Cendrillon
Savez-vous que la première trace écrite de Cendrillon et ses sœurs jalouses apparaît dans un manuscrit chinois vieux de trois mille ans.
Et pourtant, ces histoires nous parlent encore, elles ont la même actualité. Sans entrer sur un terrain de spécialistes du psychisme on peut imaginer que ces histoires correspondent aux situations que nous rencontrons dans l’enfance mais aussi plus tard dans notre vie professionnelle et dans notre vie tout court. Je ne résiste pas à vous proposer un texte de Christiane Serres qui explique très simplement la richesse des contes et pourquoi ils ont un tel impact dans notre construction puis tout au long de notre vie.
«  La petite sirène, Hans et Gretel, La belle au bois dormant, le Petit Poucet, Blanche-Neige, le Pêcheur et le Génie…

Tous ces contes évoquent l’univers du merveilleux, le monde magique et fascinant de l’enfance que tous les adultes ont un jour connu. A travers son langage simple et concret sous forme de métaphore, le conte s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes de tous niveaux culturels. Pourquoi ? Parce qu’il parle le langage de l’inconscient, de l’imaginaire dans lequel le rationnel n’existe pas.

C’est avec les sentiments qu’un conte s’écoute, se vit. En rentrant dans le récit du conte, l’individu prend conscience qu’il incarne tour à tour tous les personnages contrastés des contes, c'est-à-dire l’ogre et le petit Poucet, le dragon et la princesse, le loup et le petit Chaperon rouge : le côté clair et lumineux de sa personnalité et son côté sombre : la double nature partagée entre « l’homme-instinct » et « l’homme-évolué ».
Il apprend à surmonter les difficultés de la vie, les conflits intérieurs dans la confiance, la sécurité et la justice puisque à la fin des contes les « méchants » meurent et les « bons » triomphent.
« Le canard nagea à toute vitesse vers elle, l’attrapa par la tête avec son bec et la fit basculer dans l’eau où la vieille sorcière se noya. Alors les deux enfants rentrèrent à la maison, le cœur joyeux et content » (Volé-Trouvé)
C’est aussi un message d’espoir et d’encouragement orienté vers l’effort d’une transformation possible. « Tous les dragons de notre vie ne sont peut-être que des princesses qui attendent de nous voir beaux ou courageux » (Rainer Maria Rilke).

C’est également une dynamique de vie sur laquelle nous pouvons prendre appui pour accéder à notre propre réussite et pour donner un sens à notre vie. Cette dynamique est représentée par des lois très précises d’harmonisation de trois fonctions définies par le psychothérapeute Alain Curabet : le Roi, le Héros et la Fée.

Roi
La fonction Roi est celle qui constate,

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http://www.lemeilleurdevous.fr/2012/02/20/le-roi-le-héros-la-fée-et-le-coach/

31.1.12

COACH PROFESSIONNEL, COACH DE VIE


Un choix de répartiton des domaines de vie
 Lorsque je parle de coaching et principalement lorsque je réponds à une curiosité sur mon métier, la deuxième question porte généralement sur ma spécialisation : « vous êtes coach professionnel ou coach de vie (life coach) ? ».
Je me demande chaque fois si chaque individu, dans sa sphère professionnelle,  est hors de sa vie. 
En réalité, le coaching de vie est l’accompagnement d’une personne dans l’élaboration et la mise en œuvre de son projet de vie. Il s’adresse donc obligatoirement à la globalité de la personne dans ses « 5 domaines de vie » (personnel, couple, famille et amis, professionnel et enfin social).
Les domaines de vie sont une des grilles du modèle de coaching de Frédéric Hudson, Docteur de l’Université de Colombia, fondateur du célèbre Fielding Institute en 1973.
-      Le domaine personnel. Il représente les « fondations » de notre vie autour desquelles s’articulent les autres domaines.

2.1.12

LA PUISSANCE DES BONNES QUESTIONS


Quelle bonne question ?
Chaque fois que dans une assistance on me questionne sur mon métier ma réponse suscite une très vive curiosité. En effet, « coach de vie ».  Mais de quoi s’agit-il exactement ? Que faites-vous ? A qui vous adressez-vous ? Que vous demandent vos clients ? Comment les accompagnez-vous ?
Un peu par provocation mais aussi pour ouvrir la réflexion, je réponds souvent : mon métier consiste seulement à poser des questions mais tout l’art est de trouver les « bonnes » questions.
Il s’agit là en effet d’un des outils du coach. Une question permet au coaché de s’interroger sur son présent, son futur, mais surtout de s’enrichir lui-même à partir des réponses qu’il trouve en lui. Les questions peuvent déranger mais ne sont jamais posées dans ce seul but. Le dérangement provoqué doit servir avant tout à donner du sens aux actes et à faciliter la remise en cause du quotidien, des certitudes, des croyances  et autres freins qui bloquent les avancées. Le dérangement invite à trouver de nouvelles réponses, à être créatif.
Vous pouvez bien sur vous poser seul des questions pour faire bouger les choses avec vos réponses. Quelques règles simples pour vous aider à avancer plus vite.